COMPTE-RENDU de la réunion du lundi 3 décembre 2012
Personnes présentes: Diane, Anne , Chantal, Marc, Ludovic, Anne, Monique, Fabienne, Anne Marie, Élisabeth, Estelle, Claire, Claudine, Paulette, Danièle, Martial, Marie Françoise, Fernand, Sonia,Jeanine, Maryvonne, Élisa, Sylvie, Maitre Valèrie Borek, avec la présence de Paulette Pouillot , de la coordination nationale de Anne Marie Queulin, élue au Collectif national; de Claire Garet Delétroy, élue au Collectif national.
Avant d'entamer les débats il est demandé aux personnes présentes de se présenter . On constate la diversité des origines sociales qui est une richesse pour le comité.
Ordre du jour: Préparation du congrès national
Pour un féminisme populaire et universel, slogan retenu pour le Congrès 2013
En introduction du débat, il est présenté les différents courants du féminisme:
Le féminisme différentialiste ou essentialiste prône le droit à la différence, différence de nature entre le masculin et le féminin. Ce courant se revendique « féministe » car il fait l'apologie des valeurs dites féminines.
Le féminisme universaliste ou matérialiste prône le droit à l'égalité, égalité stricte des droits au nom d'un principe fondateur de la République.
La différence biologique ne peut expliquer les différences de comportement et la domination d'un sexe sur l'autre.
Les rôles dévolus aux hommes et aux femmes sont des constructions sociales qui ne découlent d'aucune donnée naturelle ; perspective du genre.
La lutte des universalistes sont donc tournées vers le droit, et notamment la parité dans toutes les fonctions et un changement de mentalité .
Un courant matérialiste dit « radical » remet en cause le système patriarcal et la domination masculine.
Entend remonter, dans l'explication de la subordination des femmes, à la »racine » du système, le système social des sexes, qu'on nommera patriarcat.
L'oppression des femmes est fondamentale, irréductible à quelque autre oppression. Elle est à chercher dans la matérialité des faits sociaux, des rapports sociaux de sexes.
Le genre est la mise en lumière du caractère socialement construit d'un certain nombre d'attributs et de comportements psycho-sociaux.
Le patriarcat constitue un véritable système social des sexes ayant créé deux cultures distinctes: la culture masculine dominante, et la culture féminine dominée.
L'objectif ultime , le renversement du patriarcat . Et cet objectif passe par la réappropriation par les femmes du contrôle de leur propre corps.
Un courant dit « écolo »
très peu de femmes sont capables de réussir une vie amicale, culturelle, familiale, affective en
travaillant à des heures impossibles et dans le stress .
Le féminisme « écolo » passe obligatoirement par une redéfinition du travail . Le fait de travailler moins permettrait à toutes et à tous de faire toutes les tâches( abolition des tâches hiérarchisées).
Respecter l'autonomie des femmes et les laisser réellement choisir, devraient nous orienter vers des choix de consommations plus sobres.
Le féminisme de FEMMES SOLIDAIRES :
Mouvement de changement social qui, en s'attaquant à l'ordre patriarcal, suppose des transformations profondes dans les rapports humains, les rapports sociaux et les rapports de pouvoir.
Pour la construction d'une nouvelle société libérée d'un ordre ancien où la domination masculine est une violence pour les femmes, mais aussi pour les hommes.
Pour une nouvelle forme de société féministe, reposant sur l'égalité des droits , le droit des femmes à disposer de leur corps et à gérer toutes les dimensions de leur vie.
Le féminisme est pour nous, se battre contre toutes les discriminations, qu'elles soient d'un sexe sur un autre, qu'elles soient d'une couleur de peau sur une autre, ou d'une orientation sexuelle sur une autre.
Le féminisme est un combat de société et non une lutte contre les individu-e-s . C'est la volonté de construire un monde dans lequel, quel que soit le sexe, nous avons la possibilité de nous émanciper et de faire nos propres choix de vie, en toute liberté .
Un féminisme qui défend les valeurs de laïcité, mixité, égalité pour les droits des femmes.
Un féminisme populaire: nous voulons que notre projet de société féministe s'adresse au plus grand nombre de femmes et d'hommes.
Un féministe universel: Ce qui est le meilleur pour les femmes de notre pays doit être à la portée de toutes les femmes du monde entier et inversement.
L'universalité des droits est une valeur intangible pour Femmes solidaires.
Discussion autour de différents thèmes :
La prostitution
La prostitution constitue une violence, un obstacle à l'égalité, une atteinte à la dignité de la personne, une violation des droits humains.
De très nombreuses personnes prostituées ont été mises en prostitution par un proche, un membre de la famille, un ascendant ou un conjoint.
Entre 60 et 80 % des personnes prostituées ont subi des violences sexuelles dans l'enfance, des maltraitances familiales qui ont ensuite mené à une errance matérielle et affective.
Ces personnes abandonnées à la répétition de la violence et des traumatismes, sont des proies idéales pour les proxénètes.
80 % des femmes en prostituées sont migrantes.
Aucun jeune n'envisage dans son proche avenir d'entrer en prostitution . Et lorsqu'il devient étudiant, même si quelques uns la pratiquent, ce n'est que pour des raisons économiques et pensent le faire que très provisoirement. Malheureusement c'est souvent l'engrenage !
« Certaines personnes en prostitution sont consentantes, elles l'ont choisi » affirment certaines personnes.
Affirmer l'existence d'une prostitution choisie, c'est blanchir les délits et les crimes des prostitueurs au nom du consentement de la victime.
La prostitution n'est ni une forme de sexualité ni une activité économique.
L'expérience de la personne prostituée , c'est celle d'une violence extrême, une source majeure de psycho-traumatismes.
Il est urgent de rappeler que le système prostituteur est responsable d'atteintes graves à l'intégrité psychique et physique des femmes en situations prostitutionnelles et d'une diminution de leur espérance de vie.
Dans la prostitution, l'échange d'argent n'atténue pas les violences ni ne prouve le consentement des victimes. Au contraire il prouve qu'il y a eu préméditation des violeurs et profit des proxénètes .
L'échange d'argent en matière de crime est une circonstance aggravante.
Un droit démocratique peut il laisser impunies des violences aussi graves, continues, répétées?
Abolir le système prostituteur, c'est la seule solution, pour vivre dans une société humaine.
Les femmes en prostitution sont des victimes, qu'il faut écouter, conseiller , accompagner, comme on le fait pour les femmes victimes de violences conjugales.
Il faut développer des alternatives réelles et des programmes de sortie de la prostitution.
Il faut mettre en place des politiques de prévention , d'éducation à l'égalité et à la sexualité.
En juin dernier, Najat Vallaud Belkacem, ministre des droits des femmes, a affirmé son intention de voir disparaître la prostitution et proposé pour cela la pénalisation des clients.
La pénalisation des clients divise les féministes
Le délit de racolage est une loi sécuritaire qui n'a pas rempli ses objectifs en matière de lutte contre les réseaux et a eu pour effet d'aggraver la situation de précarité et de stigmatisation des personnes en prostitution , en les exposant particulièrement aux violences policières.
Pénaliser les clients fait des prostituées non plus des coupables mais des victimes. Si les clients risquent des peines, la demande se réduira et la prostitution finira par disparaître.
C'est ce qui s'est passé dans les pays nordiques.
Mais la pénalisation aboutirait simplement à faire disparaître la prostitution de l'espace public et à
encore plus défavorables les conditions des prostituées.
La prostitution deviendrait invisible, mais ne disparaitrait pas.
Nous réclamons:
– une politique de prévention à la prostitution
– la mise en place de moyens de protection et d'accompagnement social, l' accès à la santé et au
logement pour toutes les personnes prostituées
– une politique d'éducation à une sexualité libre et respectueuse de l'autre
L'éducation non sexiste
C'est la société qui assigne les hommes et les femmes à des rôles bien établis selon des normes, des préjugés, des stéréotypes qui s'inscrivent dans nos têtes dès la naissance.
Ces normes profondément intériorisés, dictent les rôles, les attitudes, les conduites des garçons et des
filles.
La famille, l'école, les centres d'animation, les médias, les publicités, autrement dit l'environnement
social dans son ensemble, participent à l'assignation des uns et des autres, indépendamment de leur réel
potentiel, de leurs talents et de leurs envies.
Il est grand temps de déconstruire les stéréotypes par une éducation non sexiste .
C'est ce que fait le comité de la Somme de Femmes solidaires en dénonçant les stéréotypes de genre dans les albums et livres de jeunesse, les catalogues de jouets, les publicités .
Avec des animations autour de l'expo » C'est mon genre » dans les bibliothèques, les librairies, les écoles , les lycées, dans les sections préparant aux métiers de la petite enfance.
Pouvons nous aller encore plus loin ?
L'étendre aux travailleurs sociaux et globalement les personnels au contact de l'enfance , petite enfance et adolescence.......les centres de formation...pourquoi pas les syndicats …. à tout public en fait; il faut changer les mentalités … et recommencer sans arrêt car les résistances sont grandes : les femmes qui ont intégré ces rôles assignés et qui les transmettent à leurs enfants, la patriarcat qui ne veut rien lâcher ….
On sent une volonté politique certaine, pour aller vers plus d'égalité ; mais nous devons être vigilantes et dynamiser cette volonté.
Pas d'annonce sur l'ouverture de places en crèche et la mise sur pied d'un service public de la petite
enfance.
Il faut que l'éducation non sexiste soit inscrite dans les programmes scolaires pour être pérennisée.
Discriminations et violences
Les violences se nourrissent aussi des stéréotypes de la société, de la banalisation des propos sexistes, de la sous estimation des souffrances vécues et de leurs conséquences.
On offre des jouets violents aux garçons, on ne doit pas s'étonner si plus tard les hommes résolvent le plus souvent les conflits par la violence.
L'homme doit sans arrêt surenchérir pour prouver sa virilité, par des comportements de domination pouvant aller jusqu'à la violence.
Féministes dans un monde en crise
Précisément parce que nous sommes dans une période de trouble; le féminisme est plus nécessaire que
jamais.
Montée des intégrismes / politique droitière / montée de l'extrême droite / chômage / retour des femmes à la maison / le patriarcat est toujours là et remonte en force.
Quel positionnement spécifique peut prendre notre mouvement sur les sujets de développement durable, de décroissance, de mondialisation , en dehors de toute instrumentalisation politique et pour une efficacité maximum ?
Nous nous sommes quittè-e-s vers 22H .
Toutes ces thématiques seront abordées lors d'ateliers au congrès . Les personnes qui participent au congrès pourront présenter à leur retour les axes politiques retenus dans les ateliers et les plénières .