Lundi 6 février 2017 : IVG / Contraception
L'IVG a été légalisé en 1975 en France .
Simone Veil a mené le combat au niveau parlementaire, mais il ne faudrait pas oublier que ce sont les femmes militantes qui sont aussi les héroïnes, et les médecins qui se sont engagé-e-s dans ce combat .
En 2001, le délai autorisé passe de 10 à 12 semaines pour permettre à une femme de pratiquer un avortement . Cette loi avait été défendue par Martine Aubry .
La loi Veil a depuis fait l'objet de retouches, notamment pendant le dernier gouvernement :
Le 1er avril 2013, Marisol Touraine a rendue gratuite l'IVG pour toutes les femmes ( auparavant, seules les mineures étaient remboursées entièrement . Les femmes majeures étaient remboursées de 70 à 80%.
Le remboursement de l'IVG, absent de la loi Veil, a été introduit par la loi Yvette Roudy en 1982.
Dans la loi sur l'égalité Femmes Hommes , défendue par Najat Vallaud Belkacem,
le 4 août 2014, il y a la suppression du critère imposant une « situation de détresse « pour justifier un IVG .
Le 26 novembre 2014 , l'Assemblée nationale réaffirme le » droit fondamental « à l'avortement.
Le 26 janvier 2016 : suppression du délai de réflexion d'une semaine . Les sages-femmes sont habilitées à pratiquer une IVG médicamenteuse .
Le 1er avril 2016 ; tous les actes sont pris en charge à 100% par la sécurité sociale .
Le 1er décembre 2016, L'Assemblée nationale vote le délit d'entrave numérique . Cette nouvelle disposition pour protéger le droit à l'avortement est un outil pour limiter l'influence des groupes anti-IVG qui avancent masqués sur Internet . L'instauration de ce délit, passible de 2 ans de prison et de 30000 €d'amende, vise à obliger les plate formes qui se présentent comme des sites d'information objective sur l'IVG à apparaître pour ce qu'elles sont : des portails de propagande renvoyant sur des numéros verts téléphoniques où des militants , et non des professionnels, font pression sur les femmes pour les dissuader d'avorter .
Il faut remarquer que toutes les lois faisant avancer l'IVG ont été portées par des femmes , dans des gouvernements de gauche .
42 ans après la loi Veil, le Haut conseil à l'égalité ( où Femmes solidaires siège) dresse un bilan positif des actions mises en œuvre ces dernières années pour faciliter l'accès à l'avortement ;
« la forte mobilisation du gouvernement et du Parlement pour améliorer l'accès réel à l'avortement , à des informations objectives et dépassionnés et pour dédramatiser le recours à cet acte ? Néanmoins, l'IVG reste, en 2017, un droit à garantir et à défendre « déclare Danielle Bousquet .
Le HCE identifie quelques obstacles pouvant encore être levés . Les pouvoirs publics peuvent encore agir :
A court terme, en examinant dans les meilleurs délais la proposition de loi relative à l'extension du délit d'entrave aux informations publiées sur l'IVG internet.
Je ne connais pas le résultat du Sénat.
A moyen terme, en levant les derniers obstacles au plein accès à l'avortement :
suppression de la double clause de conscience, l'autorisation des IVG par aspiration dans les Centres de planification familiale et d'éducation familiale, et dans les Maisons pluri-professionnelles de santé
la suppression de la forfaitisation de l'IVG
le renforcement de la formation initiale et continue des professionnel-le-s de santé.
Dans la durée, garantir , partout sur le territoire, les meilleurs conditions d'accès à l'IVG :
libre choix de la méthode
accès entre les 10 et 12 semaines comme le prévoit la loi
confidentialité , gratuité, choix effectif pour les femmes sans papiers.
Alors que les gouvernements espagnol, portugais et polonais ont récemment tenté de restreindre ce droit et que certains débats politiques français peuvent laisser craindre des reculs, le HCE appelle à maintenir un portage politique fort, seule garantie de l'accès réel à l'avortement pour toutes les femmes qui le souhaitent, où qu'elles habitent.
Le rapport du HCE révèle aussi que :
le nombre de gynécologues est en baisse
130 établissements spécialisés dans l'IVG auraient été fermé en l'espace de 10 ans.
De plus , face à un système de santé qui subit de plein fouet les baisses de crédits et la concentration croissante de l'offre de soins ( avec, comme conséquence, le rallongement des délais d'attente, l'impossibilité de choisir la méthode d'interruption de grossesse ou le type d'anesthésie), nous réaffirmons que la défense du droit à l'IVG passe aussi par une attribution des moyens à la mesure des besoins. Toute politique progressiste qui n'est pas accompagnée par des moyens adéquats, est une politique illusoire .
J'ajouterai quelques faits :
Chaque année , dans le monde, 46 millions de femmes enceintes ont recours à une interruption volontaire de grossesse .
La moitié ( 20 millions) ont lieu dans l'illégalité dans un contexte socio-économique hostiles .
Une femme meurt toutes les 9 minutes dans le monde de suites d'un avortement illégal .
La victoire des femmes polonaises qui sont descendus massivement dans les rues lors de qu'on a appelé un « lundi noir ». Elles ont tenu en échec, ceux qui voulaient interdire l'avortement . Leurs représentantes ont reçu le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes le 9 janvier 2017.
Aux USA, le président Donald Trump s'est entouré de hauts responsables ouvertement hostiles à l'avortement . Il vient de signer un décret interdisant le financement par de l'argent fédéral d'ONG internationales qui soutiennent l'avortement .
Galvanisés par la victoire de Trump, les opposants américains à l'avortement se mobilisent et ont déjà adopté en décembre, dans certains états où ils ont le pouvoir, des mesures anti-IVG draconiennes .
Les lobbying acharné des anti-choix a gagné le Parlement européen, où les attaques contre le droit à l'avortement et plus précisément les associations du planning familial se sont intensifiées.
En Italie, où plus de 80 % des médecins refusent de pratiquer l'avortement, la clause de conscience n'est pas un enjeu symbolique, mais un véritable problème de santé publique !
En France, les discours récents de François Fillon, et ceux de Marion Maréchal Le Pen annoncent une volonté de revenir sur ce droit .
Par ailleurs, dans de nombreux pays, on assiste à la montée des conservatismes religieux de tous bords qui veulent légiférer sur le corps des femmes, contre la volonté des femmes.
Les attaques répétées contre ces droits nous alertent, mais ne nous découragent pas !
Nous constatons qu'il n'est d'avancée dans les droits des femmes qui ne soient le fruit de leurs durs combats . Rien n'est jamais acquis, tout est à conquérir .
Nous nous mobiliserons pour la défense des libertés fondamentales .